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Aux soins intensifs pour la fête des Pères

On s’est habitués à voir le Dr Lizé dans les nouvelles, depuis que la pandémie de COVID-19 a fait son apparition au Québec. Pas étonnant : pneumologue-intensiviste, chef des soins intensifs du CHUM, il est aux premières loges de la bataille que livrent des patients et les équipes soignantes contre le virus. Il témoigne volontiers de ce qui le passionne et le rend fier. Même le jour de la fête des Pères!

De sauveteur à médecin, puis à chef des soins intensifs

D’où vient cette passion pour la médecine? Le Dr Lizé avoue d’emblée que ses notes n’étaient pas très bonnes à l’école secondaire. Le sport l’attire davantage. Il affectionne particulièrement les compétitions de natation auxquelles il participe… Ceci l’amène à devenir sauveteur à la piscine municipale du quartier où il habite. Il y découvre un intérêt pour les premiers soins, puis réalise qu’il aime bien les cours de biologie et de chimie. C’est au cégep qu’il décide de choisir la médecine comme profession. Une décision qu’il n’a jamais regrettée : « Tous les matins, je me lève et je suis content d’aller au boulot. Passer la nuit à l’hôpital pour soigner un patient, j’aime ça! C’est un beau défi. » Pour le médecin, s’habituer aux longues heures de travail et aux nuits blanches est possible, tant qu’on s’accorde des pauses ou des vacances pour récupérer. La reconnaissance des patients lui sert de catalyseur d’énergie.

C’est pendant sa formation en médecine à l’Université de Montréal que le Dr Lizé découvre avec enthousiasme la médecine des soins critiques. Il se rend à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), à Vancouver, pour y suivre une formation complémentaire (fellowship) d’intensiviste. Il se joint au CHUM en 2005 et s’implique dans l’organisation, notamment à l’unité des Grands brûlés (il est d’ailleurs cogestionnaire médical des soins intensifs et de l’unité des Grands brûlés). Fervent défenseur du don d’organes, il consacre, en parallèle, une dizaine d’années à Transplant Québec, où il a été directeur médical adjoint.

Arrive 2018. On lui confie le poste de chef des soins intensifs, dans un CHUM nouvellement regroupé. « Aux soins intensifs, rappelle le Dr Lizé, on se préoccupe en premier lieu des organes cerveau-cœur-poumons-foie-reins, mais on peut dire que le corps humain, c’est comme un château de cartes : enlevez une carte, et tout peut s’écrouler. » L’unité est une véritable fourmilière consacrée à la survie des patients. Il faut dire qu’environ 70 % des patients ont une infirmière qui leur est affectée et que chaque intensiviste veille sur une moyenne de 8 à 10 patients seulement.

Lorsque la pandémie de COVID-19 frappe, en mars 2020, l’unité est pleinement fonctionnelle, en ligne avec ses plans de développement et le plan de contingence des soins critiques du CHUM.

Un sprint qui se transforme en course de fond

Demandez au Dr Lizé quelles sont ses passions et il vous parlera de hockey à coup sûr. La photo de ses deux adolescents prise avec la coupe Stanley, qui trône en évidence près de son ordinateur, ne saurait tromper. Il mentionnera peut-être aussi le vélo, le golf, le tennis, le ski, ou le jogging – bref, n’importe quoi qui fait bouger! C’est probablement ce qui l’amène à qualifier la pandémie de sprint au départ, qui s’est transformé en une course de fond par la suite.

La COVID-19 a apporté son lot de défis. « Bien sûr, mettre des gens sur un respirateur n’a rien de nouveau pour nous, explique-t-il, mais ce qui est différent, c’est que la pathologie comporte un risque de contagion, surtout lorsque vient le temps d’enlever le respirateur ». Avec Valérie Gagnon, Inf. M. Sc., sa cogestionnaire, ils s’organisent et s’assurent d’avoir le bon équipement et les bons processus. Et se préparent au pire. Au pic de la pandémie, plus de 70 personnes sont aux soins intensifs. « Nous étions prêts à en accueillir, si nécessaire, jusqu’à 100 ou 120 : tous les corps de métier travaillaient fort pour soutenir la population ».

Le Dr Lizé s’anime en se rappelant un certain jour de fin d’avril, où il a pris conscience de l’incroyable force de l’équipe. « De toutes parts, raconte-t-il, je voyais des gens en train de soigner des patients, des infirmières sur FaceTime avec des familles, d’autres en train de gérer les horaires avec un immense tableau. Je me suis dit : ‘Wow, on est en train de réaliser quelque chose de gros’ ».

De souvenir en souvenir, il en vient à se rappeler cette autre occasion où, en soirée, alors que certains patients étaient en situation particulièrement critique, on annonce l’arrivée imminente de trois grands brûlés, victimes d’une explosion à l’usine où ils travaillent : « Personne n’a dit : ah, non! On s’est tous relevé les manches pour les accueillir ».

Une fête des Pères sur fond de compassion… Comme toujours!

Le Dr Lizé parle de ses fils avec des étincelles dans ses yeux. Pour passer des moments particulièrement importants avec eux, il n’hésitera pas à demander un ajustement à son horaire. Mais pour la fête des Pères, cette année, il est en poste. « De toute façon, s’amuse-t-il, j’ai l’impression que c’est souvent la fête des Pères pour moi, cette année, parce que mes gars me gâtent plus que d’habitude et plus souvent! »

Pendant que ses ados lui préparent des cartes, que sa conjointe prépare un festin (« Grâce à ma chef à la maison, on mange comme des rois depuis la pandémie! »), le Dr Lizé fait sa tournée des soins intensifs. Il offre à ceux qu’il sait pères ses souhaits pour l’occasion. Même à ceux qui sont inconscients, puisqu’il est recommandé de communiquer avec eux en tout temps.

Les visites étant interdites, à cause des consignes de sécurité, les familles appellent et demandent à ce que l’on transmette leurs souhaits à leur père. L’équipe relaie les messagers volontiers. La compassion se lit sur le visage du chef des soins intensifs lorsqu’il explique que « pour les gens, c’est difficile de ne pas être proches de leur être aimé. Des rencontres virtuelles, c’est bien, mais ce n’est pas comme une vraie visite. Sans le toucher, la communication est différente ».

On devine que compassion et humanité sont chères au Dr Lizé, lorsqu’il raconte comment le décès d’un patient, pendant qu’il était au téléphone avec son fils, a bouleversé l’équipe. À tel point que l’équipe décide d’élaborer un protocole de visite pour les personnes en fin de vie. « L’administration du CHUM nous a fait confiance, lance-t-il avec fierté, c’est la preuve que nous avons tous un rôle de leader à jouer pour contribuer à l’humanisation des soins. » Ce protocole a d’ailleurs a été applaudi au Sous-comité ministériel COVID-19 des soins critiques, auquel il siège, et proposé au réseau de la santé.

L’unité des soins intensifs est entre bonnes mains avec le Dr Lizé!

«  Nous avons tous un rôle de leader à jouer pour contribuer à l’humanisation des soins. »