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Le CHUM en histoires - hygiène et salubrité

Hygiène et salubrité : un maillon essentiel de la chaîne

Sylvain Gagné travaille au CHUM depuis 2005. Diplômé en musique, il a plutôt choisi de gagner son pain dans le milieu de la santé. En discutant avec lui, on découvre vite une personnalité aux multiples facettes. Musicien, père de famille et conjoint, il s’anime lorsqu’on aborde des questions sociales. Rencontre avec ce préposé en hygiène et salubrité qui sort de l’ordinaire.

La musique, une passion

Parler de musique est facile pour Sylvain Gagné. De toute évidence, elle le fait vibrer, tout comme les projets musicaux auxquels il se consacre dans ses temps libres. Son instrument de prédilection est la basse électrique, qu’il a étudiée au Collège Lionel Groulx. Il s’intéresse aussi aux voix et aux groupes vocaux. En février 2020, le groupe montréalais dont il fait partie, Siamois Synthesis, lançait son premier disque vinyle, Feu aimant, un produit que les amateurs de musique électronique ambiante, teintée d’effets psychédéliques, aimeront.

La COVID-19 a chamboulé les projets de spectacles devant suivre le lancement. Pendant des mois, explique Sylvain Gagné, impossible de voir les amis musiciens pour pratiquer et partager leur passion. De toute façon, ajoute-t-il, « la pandémie occupe les esprits, on en parle continuellement, et puis j’ai ma famille et mon travail, donc il reste moins d’énergie pour la musique en ce moment ».

Fier de son travail, depuis toujours!

Comme ses quelque 550 collègues au CHUM, Sylvain Gagné connaît tous les secrets de la désinfection, essentielle à la santé et la sécurité des travailleurs, des patients et des visiteurs. Nommé chef d’équipe en janvier 2020, il a dû composer, depuis quelques mois, avec le défi qu’apportent ses nouvelles responsabilités et, bien sûr, celui de la pandémie de COVID-19, qui a braqué les projecteurs sur sa profession.

Du jour au lendemain, ou presque, la planète a réalisé à quel point certains métiers étaient essentiels au bon fonctionnement de la société. « Les gens qui nous fournissent la nourriture dont on a besoin, les camionneurs qui font la navette pour distribuer les biens, les services de base pour assurer la survie de la population, c’est toute une partie de la société qui a continué à travailler, explique-t-il, pendant que d’autres ont dû s’arrêter. » Certains, ajoute-t-il, ont pris conscience que le travail de préposé à l’hygiène et salubrité est là pour rester. Qu’il prendra même de plus en plus de place.

« Soudainement, les gens ont commencé à s’intéresser à mon travail, on me pose des questions, on me remercie et on me dit ‘Une chance que vous êtes là, toi et tes collègues’. » Les témoignages de reconnaissance des proches, de la hiérarchie, des politiciens, des médias, sont autant de tapes dans le dos qu’il fait bon de recevoir, convient Sylvain Gagné. « Mais moi, je n’ai pas besoin de ça pour être fier de ce que je fais : j’apporte quelque chose dans la chaîne de travail, et ce quelque chose, c’est essentiel pour les soins que l’hôpital donne aux patients ».

Sylvain Gagné s’attriste du fait que certaines personnes voient l’hygiène et la salubrité comme un passage temporaire. « Des fois, dit-il, j’ai l’impression que les gens s’identifient trop à leur travail. Moi, j’aime ma job parce que je suis un tout : je fais de la musique, du sport, j’ai ma famille, alors quand je viens travailler à l’hôpital, je n’ai pas du tout l’impression d’être juste quelqu’un qui passe la moppe ».

Il faut dire qu’une formation en hygiène et salubrité en milieu de soins (attestation d’études professionnelles, offerte notamment dans les commissions scolaires) prend près de 4 mois à compléter. Rien à voir avec le ménage du printemps! La pandémie de COVID-19, en plus de faire découvrir à plusieurs cette importante profession, a apporté un vent d’innovation à celle-ci.

COVID-19 : une occasion de se dépasser

Nouveaux produits de désinfection pour pallier aux baisses d’inventaires. Nouvelles procédures pour diminuer les risques le plus possible. Les préposés à l’hygiène et salubrité du CHUM, déjà très conscients de l’importance de leur rôle, ont repoussé encore plus leurs limites à l’arrivée de la pandémie, en s’adaptant et en innovant.

Par exemple, le CHUM a acquis, au printemps, quatorze lampes à rayons UV-C, qui se sont ajoutées à la lampe qu’il possédait déjà. Les propriétés germicides de ces rayons détruisent les virus et les bactéries tout en limitant la quantité de produits chimiques nécessaires à la désinfection. Les lampes permettent de réduire le temps de désinfection – on parle d’une vingtaine de minutes gagnées par chambre. Sylvain Gagné croit que ces lampes risquent de devenir chose commune, tout comme d’autres habitudes ou processus arrivés avec la pandémie.

Son nouveau rôle de chef d’équipe fait de Sylvain Gagné une personne-ressource dans le service. Pour la première fois, il participe à la formation des nouveaux préposés, arrivés à la rescousse pour combler les nouveaux besoins. La routine des tournées d’étage lui manque parfois, bien qu’il en fasse encore à l’occasion – ce sont alors de véritables moments de bonheur, lui qui aime rencontrer des patients, toujours heureux du travail qu’il fait pour eux.

Les journées passent et Sylvain Gagné regarde avec soulagement les statistiques de la pandémie. L’équipe, dit-il, a redoublé d’ardeur au cours des derniers mois. « Je ne suis sûrement pas le seul qui se sent plus fatigué qu’avant… On y met plus d’efforts physiques, mais qu’on le veuille ou non, ça nous affecte aussi un peu mentalement. »

Quand on lui demande s’il craint une deuxième vague de COVID-19, il répond avec sagesse : « Il y a une part d’inconnu dans tout ça, mais je suis quelqu’un de positif, qui aime aller de l’avant. On est tous des humains avec des limites, mais il faut travailler ensemble, toujours, pour réussir. » Et si le virus fait des siennes à nouveau, rappelle-t-il, la population peut avoir confiance. « Si je devais venir au CHUM en tant que patient, je serais rassuré, affirme-t-il avec fierté, parce que c’est nettoyé de fond en comble, avec des gens travaillants qui sont là pour les bonnes raisons. »

Et la musique? « J’y reviendra bientôt, dit-il avec conviction. Ce n’est qu’une pause pour passer à travers ce moment difficile ». Un projet instrumental avec voix seulement attend d’ailleurs qu’il ose se lancer, et on ne peut que lui souhaiter, en écoutant les pièces de l’album Feu aimant, que ce soit bientôt.

« Le milieu de la santé va toujours rouler et nous, on en fait partie, même si on n’a pas étudié en santé. On fait partie de la fourmilière, de la chaîne de travail essentielle. »