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Le CHUM en histoires - Poursuivre ses rêves, ici et maintenant

Poursuivre ses rêves, ici et maintenant

Dans le laboratoire, les yeux noirs de Sana El Hajji irradient le bonheur à l’état brut. Une plénitude née de sa passion dévorante pour les neurosciences. Contamination garantie.

Avant de poser en 2018 ses valises scientifiques au Centre de recherche du CHUM, le voyage a été tortueux.

« Depuis toute petite, je suis fascinée par la biologie et les neurosciences. Au Maroc, mon pays d’origine, j’étudiais déjà en science au niveau doctoral. Mais faire ce type de recherche dans les pays en développement reste un exercice très difficile. Nous manquons d’infrastructures et de financement. J’ai dû quitter mon pays pour me réaliser », rappelle l’étudiante au doctorat au sein de l’équipe de recherche d’Adriana Di Polo. »

Après un détour d’un an par la France où elle étudie la maladie de Parkinson, elle goûtera pour une première fois aux joies de notre métropole québécoise en 2017. Une année charnière qui précipitera son avenir. Sélectionnée par l’École canadienne en neurosciences de l’IBRO (International Brain Research Organization) parmi des centaines d’étudiants, elle aura l’occasion pendant trois semaines de côtoyer d’illustres chercheurs en neurosciences tels que le professeur Albert Aguayo, père de la neuroscience régénérative.

Une question de chimie… et de glaucome

« Un concours de circonstances m’a finalement mené aux portes du laboratoire d’Adriana Di Polo. Grâce à ma bourse IBRO, j’ai travaillé une semaine dans l’équipe du chercheur Samuel David à l’Université McGill. Il m’a encouragée à rester ici et m’a permis d’entrer en contact avec Adriana », dit la jeune chercheuse.

Après plusieurs visites de centres de recherche québécois, souvent affiliés à l’université McGill, elle fixera son choix sur le laboratoire d’Adriana. « Elle m’a impressionnée par ses recherches sur la régénération neuronale dans le cas du glaucome. Sa personnalité chaleureuse, son écoute et son ouverture d’esprit ont fait le reste. J’ai décidé de déménager pour poursuivre mes travaux de recherches ici, au CRCHUM ».

En 2018, Adriana Di Polo et son équipe de recherche ont fait une percée scientifique pour le traitement du glaucome, problème de cécité qui touche près de 60 millions de personnes dans le monde. Les scientifiques ont découvert que les neurones de la rétine ont la capacité de régénérer leurs dendrites (prolongements arborescents des cellules nerveuses) après une lésion du nerf optique. L’administration d’insuline par gouttes ophtalmiques rétablit la communication entre les neurones et permet à la rétine de fonctionner de nouveau.

Au sein de l’équipe de Mme Di Polo, Sana El Hajji essaie actuellement d’identifier des mécanismes de régénération neuronale pour traiter le glaucome et peut-être d’autres maladies neurodégénératives.

Un vent de liberté

« J’adore travailler dans cet environnement stimulant. Ici, j’ai accès à des techniques de pointe grâce aux infrastructures du centre de recherche. Ici, j’ai la chance de rencontrer des gens de partout dans le monde et d’échanger avec eux. C’est vraiment un lieu extraordinaire pour faire de la recherche », dit Sana.

Depuis deux ans, Sana El Hajji a beaucoup appris. Grâce à ses collègues, grâce à sa mentore qui lui a donné l’espace dont elle avait besoin pour exprimer ses idées, pour étancher sa curiosité et pour concrétiser ses rêves.

Mme Di Polo se dit heureuse que l’étudiante ait choisi son laboratoire. « Moi aussi, j’ai été une étudiante étrangère. Et, je pense qu’il faut donner l’occasion à des étudiants très motivés et très créatifs comme Sana de travailler dans notre milieu scientifique productif et accueillant. »