Single post

Les généreux masques de Marie

Fleurs, étoiles, bleuets et souris : les masques fabriqués par Marie-Josée Poirier sont colorés et fort jolis. Pratiques? Aussi. Mais ce ne sont pas des masques ordinaires : ils sont la représentation même du dévouement de leur créatrice pour les patients du CHUM.

Gaspésienne d’origine, Marie-Josée Poirier prend la route de Montréal par un jour pluvieux d’avril 1988 afin d’offrir ses services à l’Hôpital Saint-Luc. Sitôt arrivée, sitôt embauchée, elle travaille comme préposée aux bénéficiaires pendant une dizaines d’années. Elle occupe ensuite divers postes d’agente administrative – à la gestion d’horaires, au centre de prélèvement, aux étages et en cliniques externes. En 2019, elle joint le Service de bénévolat, animation et loisirs (SBAL), à titre d’adjointe administrative, pour un dernier défi avant sa retraite, prévue pour 2023.

« Le CHUM, raconte Marie-Josée, c’est une histoire de famille et je me sens redevable envers l’établissement ». Elle y a accouché de Carole-Anne Paradis, aujourd’hui infirmière-chef en endoscopie, au CHUM. Sa mère et son père y ont été guéris d’un cancer. Son conjoint, Michel, y a été soigné pour un infarctus. Pour elle, le patient passe avant tout.

Puis arrive l’urgence sanitaire…

Mars 2020. Le Québec se confine en réponse à la pandémie de COVID-19. Du jour au lendemain, les tâches de Marie-Josée changent drastiquement. Elle est habituellement responsable de l’accueil des bénévoles et de la gestion de leurs horaires mais, soudainement, il n’y a pratiquement plus de bénévoles – la majorité, âgée de plus de 60 ans, est considérée vulnérable au virus. Les activités régulières du SBAL (accueil, écoute, loisirs) sont temporairement suspendues.

Au début, l’équipe du SBAL en profite pour faire du ménage de dossiers, du bureau, du comptoir vestimentaire. Le service participe ensuite à la distribution, à travers le CHUM, des nombreux cadeaux transmis par des entreprises pour les équipes. Une partie de l’équipe déménage à la halte-garderie qu’ils ont aidée à mettre sur pied au pavillon Édouard-Asselin (PEA).

Une idée généreuse pour solutionner les difficultés de financement

Marie-Josée gère le fonds de roulement du service, qui contient les petits profits des activités de vente de livres, de ballons et autres. On s’en sert notamment pour acheter de quoi faire passer le temps à des patients hospitalisés, comme des jeux de cartes, des crayons, des casse-têtes… Des objets qu’il n’est dorénavant plus question de reprendre une fois utilisés, parce qu’impossibles à désinfecter.

Les activités de financement étant suspendues elles aussi, l’argent dans la petite caisse fond comme neige au soleil. Lise Pettigrew, la chef du SBAL, caresse le projet d’acheter une cinquantaine de petites radios pour les patients hospitalisés et confinés à leur chambre. « Je me suis dit, explique Marie-Josée, que je pourrais faire une petite différence. J’ai décidé de fabriquer des masques et de verser 1 $ par masque vendu au fonds de roulement du SABL, pour amasser 1000 $. »

« Depuis 32 ans, les patients et leur bien-être sont mes priorités. Je réalise que je suis toujours près d’eux, par l’entremise des bénévoles qui leur apportent du réconfort de diverses façons. »

Vaillance ou folle insouciance?

La gestionnaire de Marie-Josée, Lise Pettigrew, voit le projet comme le reflet de la « grandeur d’âme de Marie-Josée, qui l’incite à toujours faire plus pour les patients; ces masques sont pour elle une façon de soutenir nos activités auprès des patients. »

Son conjoint, pour sa part, commence par se dire, avant de se raviser et de se joindre au projet, que Marie-Josée a perdu la tête (il le pensera encore lorsque, en vacances à la fin de juillet, elle est séduite par de jolis tissus dans une boutique gaspésienne!). Non seulement elle devra dépenser beaucoup d’énergie à ce projet, mais en plus, il lui faudra vendre au moins 1500 masques pour couvrir ses dépenses.

Dans les premières semaines, le bouche-à-oreille génère une multitude de courriels d’acheteurs potentiels auxquels elle peine à répondre. Son collègue Nicolas lui offre un coup de main inespéré en lui créant une page Web avec boutique virtuelle. France, une autre collègue, lui propose de la soutenir avec les ventes. Parents et amis l’encouragent. Elle peut se concentrer sur la fabrication.

Une maison transformée en manufacture

Quand Marie-Josée décide de se lancer dans ce projet, elle a déjà fabriqué plusieurs masques pour la famille, des amis, des collègues. Mais pour réussir à atteindre ses objectifs de production en quelques semaines, elle doit mettre les bouchées doubles.

C’est ainsi que dès le début de mai, elle se met à coudre pendant cinq ou six heures chaque jour après le travail. La fin de semaine, elle commence son labeur au petit matin et s’arrête une douzaine d’heures plus tard. Elle prend une bouchée ici et là. La fatigue s’installe, mais elle garde le cap sur son objectif. « Je suis plutôt anxieuse, avec une tendance à l’hypocondrie, raconte-t-elle. Mais quand tu fais des masques 14 heures par jour, tu ne penses à rien d’autre et ça crée une barrière contre l’anxiété. »

Heureusement, elle peut compter sur sa tante Dominique, qui se fait des ampoules en taillant les premiers 1500 ronds de tissus de toutes sortes – Marie-Josée a même obtenu la permission d’en faire imprimer avec le logo du CHUM. Désormais convaincu du bien-fondé de l’aventure, son conjoint devient spécialiste du repassage, chaque couture devant être aplatie au fer pour un assemblage parfait. Trois machines à coudre et deux fers à repasser se retrouvent à la ferraille en moins de trois mois!

Incapable de s’arrêter

Alors que le Québec prépare sa jeunesse pour la rentrée des classes, Marie-Josée confirme qu’elle a dépassé son objectif de production : plus de 1700 de ses masques ont trouvé preneur. Elle aurait pu tenir sa promesse et verser 1000 $ au SBAL. Mais pourquoi s’arrêter là, alors qu’il y a tant à faire pour les patients hospitalisés? Elle continue à mettre 1 $ de côté pour chaque masque vendu et ambitionne de se rendre à 2000… ou plus. L’avenir le dira!

Objectif largement dépassé!

Nous avons appris que Marie-Josée avait remis, à l’automne 2020, un premier don de 2430 $ à la Fondation du CHUM. Comme elle le souhaitait, cet argent a été utilisé pour l’achat de radios. Grâce à son ambitieux projet, 125 radios sont désormais à la disposition de patients sur plusieurs unités.

Saviez-vous que le Service de bénévolat, d’animation et de loisirs du CHUM accepte les dons toute l’année? Appelez dès maintenant au 514 890-8000, poste 11632 pour convenir d’un moment où apporter vêtements, chaussures, radios, lecteurs MP4, et jeux faciles à désinfecter.

Pour en savoir plus sur le Service de bénévolat, d’animation et de loisirs du CHUM, ainsi que pour lire de touchantes histoires sur d’autres gens de cœur, lisez ou relisez l’édition d’hiver du CHUMAGAZINE.