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S’engager à deux, une histoire d’amour

S’engager à deux, une histoire d’amour

Francine et Roland font penser à des inséparables, ces petits oiseaux connus pour rester ensemble toute leur vie. Ils répondent d’une seule voix aux courriels qu’on leur écrit, présentent le même sourire empreint de bonté quand on les rencontre… et s’impliquent ensemble. Leurs buts? Servir, grandir humainement et répondre aux besoins de leurs semblables. « Nous croyons, expliquent-ils, que l’expérience d’un engagement conjoint mérite d’être vécue et qu’elle fournit beaucoup de moments gratifiants qui ont une grande influence sur la vie de couple. »

Un engagement qui ne date pas d’hier

Leur jeunesse n’a pas été facile. La pauvreté, ils savent ce que c’est avant même d’aller à l’école. L’un devient orphelin de père en bas âge, à une époque où la sécurité sociale n’existe pas encore. L’autre provient d’une famille dysfonctionnelle.

Ils grandissent en développant une sensibilité envers le bien-être des autres. Cette empathie influencera leur vie, et même leur couple. Dès leurs premières fréquentations, au début des années 60, ils décident de faire équipe pour soulager les souffrances de membres de leur communauté. Bénévolement. Elle a 17 ans et lui, 22 ans.

C’est ainsi qu’ils proposent leurs bras à la famille Mérette, dont le père avait collaboré à la fondation de l’Atelier de jouets des pompiers de la Ville de Montréal. « Moi, je n’en ai pas eu, de jouets, quand j’étais jeune, explique Roland. Je jouais avec des boîtes de carton. » Espérant apporter un peu de joie aux enfants défavorisés, ils passent des heures chaque semaine à restaurer des jouets qui leur sont destinés.

Leur union renforce leur souhait d’aider leur prochain. Roland se joint aux Chevaliers de Colomb et Francine, aux Filles d’Isabelle, des organismes catholiques de bienfaisance. C’est à ce moment qu’ils font la connaissance de couples œuvrant au sein de l’unité de pastorale de l’Hôpital Notre‑Dame. « Puisque nous trouvions ce type de bénévolat proche de nos valeurs et très enrichissant, nous avons offert notre contribution dès 1991; notre engagement à la pastorale a duré une vingtaine d’années », explique Roland.

Monsieur le Curé, Monsieur le Curé!

À cette époque, la pastorale distribue la communion à ceux qui souhaitent la recevoir. Ainsi, tous les dimanches, Francine et Roland visitent des patients, custode en main (petit récipient pour transporter l’eucharistie). Écoutent, encouragent, rassurent. S’amusent aussi, parfois!

Roland rigole en se rappelant la fois où un patient, qu’il croyait endormi et qu’il n’avait pas osé déranger, l’interpelle : « Monsieur le Curé, Monsieur le Curé! » Le patient a besoin de se confier au bon père. « Je ne suis que père de famille », lui explique Roland, ce qui provoque le rire dans la chambre. S’ensuit une conversation pourtant très sérieuse sur la tentative de suicide qui a mené ce patient à l’hôpital. Ce n’est pas la première fois qu’on prend Roland pour un religieux…

Une retraite bien occupée par le bénévolat

Arrive le moment de la retraite à la fin des années 90. Roland quitte un poste de cadre à la Régie du bâtiment. Francine, pour sa part, quitte un poste d’adjointe de direction à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). « Pour nous, il n’était pas question, relate Francine, d’arrêter de faire du bénévolat parce qu’on prenait notre retraite! » En effet, le couple Brouillette en profite pour multiplier ses engagements. Ensemble, Francine et Roland prêtent main-forte, pendant une dizaine d’années, au comité des paniers de Noël du Conseil central de la Société de Saint-Vincent de Paul de la région de Montréal. Ils participent aussi pendant plusieurs années à des activités de pastorale auprès de personnes hébergées en CHSLD privé. Ils contribuent, de plus, à la Fondation de Sainte‑Marguerite d’Youville en tant que membres du conseil d’administration.

Une fois, on a amené un de nos fils pour distribuer des paniers de Noël avec nous. Il avait 6 ou 7 ans. Il a été bouleversé de voir des enfants sans souliers, dans des maisons froides. Ça a été pour lui un apprentissage de la vraie vie! — Roland Brouillette

« Roland a le cœur sur la main, raconte Francine, tellement qu’il en est tombé malade ». « Je ne suis pas capable de m’arrêter », s’excuse Roland, ajoutant qu’il a fait un burn out dans les années 90 à force d’engagements. C’est alors qu’il abandonne, à regret, quelques activités, dont les paniers de Noël.

En 1996, il devient quand même bénévole pour le Programme communautaire des bénévoles en matière d’impôt. Chaque année, pendant deux mois, il remplit des déclarations de revenus de personnes à faible revenu dans des habitations à loyer modique (HLM). Il en fait aussi pour Le Groupe L’Entre-Gens, un organisme à but non lucratif du quartier de La Petite-Patrie. De plus, il apporte son soutien à différents conseils d’administration. Association des techniciens en prévention incendie du Québec, chapitre québécois de l’Association internationale des inspecteurs en électricité, Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic pour le Montréal métropolitain)… C’est bien difficile pour Roland de s’arrêter! C’est peut-être ce qui le garde en santé…

Bien présents au CHUM pour les patients

Après 25 ans d’engagement, Francine et Roland décident de s’investir encore plus dans leur bénévolat au CHUM. Ils choisissent alors de diversifier leurs actions. « Je souhaitais me rapprocher des malades en leur offrant de l’écoute et du soutien dans les moments les plus difficiles, aux soins palliatifs », raconte Francine. Elle se met à consacrer plusieurs heures par semaine à des postes d’accueil. Ses capacités d’écoute et d’accueil – sans compter son sourire rassurant – l’aident à diminuer l’anxiété des patients et de leurs proches qui se présentent au CHUM. Pour Francine, très croyante, chaque fois qu’elle réussit à remonter le moral à un patient, c’est un peu comme s’il y avait eu une intervention divine.

Un jour, j’ai dit à un patient qui se disait bon à rien qu’il avait sûrement beaucoup de potentiel et qu’il fallait qu’il s’aime lui-même. On s’est parlé longuement. Quand je suis partie de la chambre, il m’a dit que personne ne lui avait parlé de cette façon auparavant. C’était comme s’il renaissait. Et moi, je me suis dit que je n’avais rien fait, que c’était l’Esprit Saint qui était intervenu.  — Francine Brouillette

Roland se dédie lui aussi à l’accueil et à l’accompagnement : « Pour moi, c’est important de pouvoir contribuer à l’humanisation de cette grande institution ». Guider les patients, les écouter, les accompagner dans certains services depuis près de 30 ans, voilà ce qui le rend heureux.

Un prix soulignant l’engagement de Roland

En 2016, la Fondation du CHUM décerne son tout premier prix Yvon-Deschamps à Roland, afin de souligner son engagement exceptionnel envers le centre hospitalier et ses patients depuis 25 ans. La nomination le surprend : « Je pensais que d’autres bénévoles méritaient ce prix, mais, surtout, j’ai toujours cru que l’on servait gratuitement sans rien attendre en retour ».  Plein d’émotions, il accepte cette distinction. Il songe à toutes ces autres personnes généreuses qui donnent de leur temps auprès des malades, sans faire de bruit.

Courte pause pandémique

Le 11 mars 2020, le Québec se confine pour faire face à la pandémie de COVID-19. Comme leurs quelque 1000 collègues au CHUM, Francine et Roland cessent leurs activités de bénévolat. Ils trépignent d’impatience, désirant à la fois protéger leur santé et accompagner les patients. Si seulement ils pouvaient être auprès des personnes hospitalisées pour les soutenir!

Enfin, début juillet, ils reprennent du service, à raison d’une journée par semaine. C’est moins qu’ils ne le souhaiteraient, mais ils s’en contentent, sachant que cela comble des besoins, alors que les visites sont interdites dans les hôpitaux. « Nous avons recommencé notre bénévolat, explique Roland, pour, tout d’abord, être au service des patients nécessitant le plus d’aide et ensuite, pour nous sentir utiles ». C’est bon aussi pour leur santé : la veille de notre entrevue, Roland avait marché 10 000 pas dans l’hôpital!

Le couple, maintenant âgé de 75 et 80 ans, applique avec rigueur les consignes sanitaires. Les deux attendent avec hâte leur deuxième dose de vaccin contre la COVID-19 pour pouvoir s’engager comme avant. Francine, surtout, a hâte de retrouver les patients des soins palliatifs, au chevet desquels les bénévoles ne peuvent toujours pas se rendre au moment d’écrire ces lignes.

Envie de vivre vous aussi une expérience de bénévolat hors du commun?

Retrouvez tous les renseignements sur la page Web du CHUM consacrée au Service de bénévolat, d’animation et de loisirs. Vous pouvez aussi communiquer avec eux au 514 890-8000, poste 24343, ou par courriel à benevolat.chum@ssss.gouv.qc.ca.

Le bénévolat a bien des avantages : ça fait bouger notre cerveau, ça nous garde jeunes; et les yeux des patients sont pleins de reconnaissance! Il y a tellement de façons de faire du bénévolat… — Francine et Roland Brouillette

1 La Fondation du CHUM a inauguré, en 2016, le prix Yvon-Deschamps en guise de reconnaissance envers le bénévole exceptionnel qu’a été Yvon Deschamps durant son passage à titre de porte-parole à la Fondation du CHUM.