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Une innovation pour sauver le coeur de sa patiente

Jessica Forcillo est une femme d’exception. Elle possède un parcours étonnant marqué par des réalisations imposantes et uniques. Chirurgienne cardiaque, elle est aussi détentrice de deux Maîtrises, l’une en sciences biomédicales et l’autre en santé publique. Parallèlement à sa pratique, elle termine actuellement un Doctorat en sciences biomédicales. Elle est aussi professeure associée à l’Université de Montréal.

« J’aime l’idée de contribuer directement à la vie des gens. C’est une profession et un cheminement qui nécessitent de la persévérance, mais il en vaut grandement la peine. C’est une profession intense qui nous garde sur le qui-vive et nécessite de s’impliquer à 100%. Ce n’est jamais de la routine! »

Dre Forcillo – elle préfère qu’on l’appelle Jessica – n’est pas seulement chirurgienne cardiaque. En effet, elle a suivi une formation à l’Emory Hospitals situé à Atlanta, l’un des plus grands centres de procédures valvulaires transcathéter aux États-Unis. Le centre hospitalier Emory prend un fellow par année, et leur choix s’est porté sur Jessica. C’est ainsi qu’elle est devenue chirurgienne cardiaque hybride et s’est retrouvée à être la première chirurgienne canadienne formée en thérapie transcathéter : « Ma pratique courante est divisée entre des procédures percutanées par cathéter et des chirurgies cardiaques conventionnelles ouvertes d’où l’appellation hybride. La profession de la chirurgie cardiaque est en transformation et il est primordial que les chirurgiens soient formés en procédures percutanées afin d’offrir aux patients des procédures moins invasives. »

Un cas plus complexe qu’à l’habitude

Mme Bérénice Castilloux, 87 ans, a croisé la route de Dre Forcillo alors qu’elle souffrait d’une sténose aortique sévère, qui consiste en un rétrécissement de la valve aortique, l’une des quatre valves du cœur. Elle présentait des symptômes importants tels qu’un essoufflement persistant et des pincements au cœur. Sa qualité de vie s’en trouvait nettement réduite : « Mme Castilloux présentait également d’autres problèmes de santé. Une approche conventionnelle, donc une chirurgie cardiaque par sternotomie comme on aurait l’habitude de pratiquer, n’était pas une option pour elle. », mentionne Dre Forcillo.

Heureusement pour Mme Castilloux, les équipes du CHUM sont toujours à la recherche de nouvelles solutions: « Nous avons accès à une technologie récente qu’on appelle thérapie par valve transcathéter. Cette méthode consiste à placer des valves au niveau du cœur en utilisant une approche percutanée. Nous ne coupons pas la peau, nous utilisons plutôt les artères pour aller larguer les valves. »

Puisque Mme Castilloux avait des calcifications importantes au niveau de ses vaisseaux, une maladie pulmonaire et un historique de plusieurs AVC, aucune entrée n’était possible via ses artères. Il a donc fallu que Dre Forcillo discute longuement avec son équipe, composée de chirurgiens cardiaques et de cardiologues, afin de trouver une approche personnalisée comportant le moins de risques possible pour la santé de la patiente.

« Nous nous sommes assis, tous ensembles, et nous avons révisé le bilan extensif de Mme Castilloux. En regardant le scan, nous avons découvert que l’une des artères, appelée tronc brachio-céphalique située au niveau du cou, était libre de calcification et pouvait être une entrée intéressante pour aller larguer la valve. »

Dre Forcillo et son équipe ont par la suite informé Mme Castilloux de leur décision. Celle-ci avoue n’avoir jamais eu la moindre crainte face à l’option choisie par l’équipe de spécialistes : « J’étais tellement bien renseignée que je suis partie me faire opérer comme si rien n’était. J’avais entièrement confiance en Dre Jessica », dit-elle avec un sourire.

Une petite incision qui constitue une première canadienne

Le 30 janvier, soit la veille de son intervention, Mme Castilloux a rencontré Dre Forcillo afin de discuter des derniers préparatifs. Le jour J, Mme Castilloux, toujours aussi confiante, part en salle d’opération le cœur léger : « Même l’infirmière qui m’a accompagnée à la salle d’opération m’a dit que je n’avais pas l’air nerveuse! »

La première canadienne est donc apparue sous la forme d’une petite incision au-devant du cou afin de rejoindre le tronc brachio-céphalique et d’y placer une valve. Seule entrée possible pour réparer le cœur de Mme Castilloux. Dre Forcillo ajoute que cette approche innovante cadre très bien avec la mission du CHUM :

« Dans le contexte où le CHUM est un centre hospitalier innovant, nous n’avons pas peur d’utiliser de nouvelles approches pour traiter nos patients. »

Grâce à cette nouvelle approche minimalement invasive, Mme Castilloux a pu récupérer beaucoup plus rapidement, comme elle en témoigne : « Avant l’opération, je montais trois ou quatre marches et j’étais essoufflée. Maintenant, je peux en monter une vingtaine! Dix jours après l’opération, je me levais et je marchais dans mon appartement. Je me suis rendue compte que je n’étais plus du tout essoufflée. Je me sens merveilleusement bien! ».

Dre Forcillo et son équipe sont confiantes face à l’efficacité de leur nouvelle approche. Pour des patients qui présenteraient le même genre de conditions, cette nouvelle façon de procéder est désormais disponible.

« Les résultats de l’intervention ont été propagés et d’autres centres hospitaliers, situés au Québec et dans le reste du Canada, se sont montrés intéressés à apprendre la technique. Nous sommes heureux du rayonnement envers les autres professionnels de la santé. »

Sur la photo, de gauche à droite :

Dr Louis -Mathieu Stevens, chirurgien cardiaque, Dre Jessica Forcillo, chirurgienne cardiaque hybride, Jean Gélinas, infirmier-coordonnateur du programme tavi, Dr Jeannot Potvin, cardiologue d’intervention, Dr Jean-Bernard Masson, cardiologue d’intervention, Dr Jean-François Gobeil, cardiologue d’intervention et Dr Nicolas Noiseux, chirurgien cardiaque. À l’avant, Mme Bérénice Castilloux, pose fièrement avec Dre Jessica Forcillo.